Green Innovation Hub

Abdou Touré
5 min readJun 1, 2021

Interview avec Régine Debrabandere, représentante résidente d’Enabel au Sénégal — Partenaire du Green Innovation Hub — pour la coopération bilatérale belge basée à Dakar.

Abdou Touré : Bonjour Régine, qu’est ce que le Green Innovation Hub ?

Régine Debrabandere : Le Green Innovation Hub est né d’une volonté de chercher une alternative afin de ne pas se concentrer sur l’agropole centre et de favoriser le développement industriel.

Cet incubateur promeut l’économie verte, l’économie bleue et l’économie digitale et accompagne les jeunes entrepreneurs qui ont des idées novatrices. A terme, il sera réalisé dans un environnement rural à Kaolack qui ne constitue pas à priori une région que les investisseurs vont visiter pour développer leurs affaires. Nous souhaitons mettre l’emphase sur le développement durable et la création d’emplois décents pour tous les jeunes dans cette région. Nous sommes d’avis qu’il y a un énorme potentiel au-delà des trois filières prioritaires choisies par le gouvernement du Sénégal, soit le sel, l’arachide et les céréales. Avec le Green Innovation Hub, nous pouvons explorer de nouvelles filières.

Cette possibilité de créer de la valeur, des emplois et opportunités, nous a conduit ici au Burkina Faso. Je suis vraiment ravie de cocréer cet incubateur avec les grosses pointures de différents ministères et décideurs sur le numérique, les programmes de jeunes, les responsables du secteur de l’emploi, le Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre, le Ministère de l’Environnement ainsi que les hauts fonctionnaires. Les Chambres de Commerce des régions de Kaffrine, de Fatick et de Kaolack sont aussi présentes avec nous.

Abdou Touré : Pourquoi avez-vous choisi le Burkina Faso pour faire ce voyage d’étude ?

Régine Debrabandere : Pourquoi le Burkina Faso ? C’est un pays qui n’a peut-être pas le même statut économique que le Sénégal mais qui présente beaucoup de solutions innovantes et vertes pour l’entreprenariat des jeunes et une forte politique d’égalité des chances avec l’inclusion des femmes.

J’ai trois enfants adultes et je me sens vraiment responsable de garder cet optimisme pour ne pas devenir dépressive quand on entend notre consultant Christophe Grasser brosser la situation en 2030–2050. Je refuse d’être fataliste, je sais qu’il y a des problèmes dans l’organisation de notre société. Mais, il est important de garder à l’esprit qu’on a une forte jeunesse qui regorge de potentiel. Il suffit juste qu’on leur laisse la possibilité de trouver des espaces propices à leur développement. D’ailleurs, la Covid 19 nous a démontré leur capacité à être résilients et créatifs. A Dakar, durant cette période j’ai acheté mes légumes et yaourts on line via WhatsApp. Pourtant, je n’ai jamais eu cette agilité en Belgique.

Je crois en l’intelligence collective et je souhaiterais que cet incubateur se focalise sur l’agropole afin d’attirer d’autres types d’entrepreneurs. J’espère que l’on aura assez d’influence pour voir cette transformation avec des entrepreneurs qu’on invitera à réfléchir sur le développement durable, le modèle de production ou de transformation et sur des solutions qui permettront de ne plus créer de déchets mais de les utiliser à bon escient afin de créer de la valeur.

Abdou Touré : Nous savons qu’Il fait chaud dans la zone centre, quelle est la place de la protection de l’environnement dans le GIH ?

Régine Debrabandere : Actuellement, on est en contact avec des groupes qui font du reboisement dans les quatres régions et quatorze départements.

Nous avons une superbe équipe qui travaille sur l’agropole composée d’experts issus de divers domaines dont un architecte spécialisé dans la construction écologique.

Je n’aime pas faire des projets isolés. À cet effet, je ferais de mon mieux afin que le nouveau projet qui s’annonce et est financé par la coopération belge pour le climat et l’environnement soit concomitant avec le GIH.

Je trouve qu’il est plus intelligent de renforcer les acteurs qu’on connaît déjà depuis plusieurs années avec un projet comme le PARERBA ( Projet d’Appui à la Réduction de l’Émigration Rurale et à la Réintégration dans le Bassin Arachidier du Sénégal ). Nous travaillons avec ses bénéficiaires et sommes en train de repenser à refertiliser les sols.

Abdou Touré : Régine, vous avez été sur tous les fronts durant ce voyage et je sens beaucoup d’engagement et d’énergie de votre part. Aujourd’hui nous avons fait 224 km avec un thermomètre qui frôle les 40 degrés. Avant de vous laisser vous reposer, j’aimerais entendre votre message de la fin.

Régine Debrabandere : Abdou, merci pour ta présence en tant que membre fondateur du Consortium Jeunesse Sénégal qui constitue un levier important dans le GIH mais aussi pour ton expertise et ton engagement sur ce projet. Je viens de découvrir les belles choses que tu fais sur le digital et je me rends compte qu’il y a un monde qui existe dans le virtuel qui n’est pas nécessairement connu de tous, notamment les entrepreneurs qu’on essaie d’attirer dans cet agropole.

En ce sens, le Green Innovation Hub pourrait bien nous épater par ses solutions assez surprenantes et novatrices. Aujourd’hui j’y crois fortement.

Si on veut faire du Green innovation soyons aussi intelligent que la nature . Il n’y a pas de déchets dans la nature , tout est recyclé par nature . Toute créature a un rôle à jouer , personne ne reste sans boulot à la marge de la société. Il est inadmissible qu’une société en Belgique , au Sénégal ou ailleurs dans le monde laisse autant de jeunes hommes et femmes sans emplois décents .

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Abdou Touré

Scout , Humanitaire , Environnement , Education , Citoyenneté